mercredi 26 novembre 2008

La bataille de MOHILEV, 23 juillet 1812 (NPOW)

Les steppes de Mohilev, été 1812.

La Campagne de Russie s’ouvre sous de bons auspices pour les Français. L’état-major russe a commis une erreur impardonnable : séparer ses forces en deux armées d’inégale taille, la première sous le commandement de Barclay de Tolly, la seconde sous celle de Bagration.

Pierre de Bagration, brave et charismatique, mais pas toujours inspiré. La campagne de 1812 lui sera fatale.



Napoléon compte bien profiter de ce crime contre la stratégie. Immédiatement après le passage du Niémen, il vient se placer entre les deux armées russes afin de les battre successivement.

L'itinéraire aller-retour de la Grande Armée pendant la campagne de Russie.


Alors que l’Empereur manœuvre le gros de la Grande Armée face à la première armée russe, le maréchal Davout est chargé d’empêcher la jonction entre Barclay de Tolly et Bagration.

Louis Nicolas D'Avout, sans doute le meilleur maréchal de Napoléon:



Le premier corps de Davout est la crème de la Grande Armée : composé des anciennes troupes des campagnes d’Allemagne, il est le mieux encadré et son chef y fait régner une discipline de fer, limitant l’accumulation des traînards.
Suivant le plan de l’Empereur, Davout fait son entrée, le 22 juillet 1812, dans la petite ville de Mohilev. La faible garnison russe est rapidement mise en déroute. Les Français pillent ensuite les magasins et occupent rapidement les points stratégiques, villages, moulin et ponts. Mais bientôt un corps d’armée russe est annoncé à quelques lieues et le maréchal Davout effectue une soigneuse reconnaissance du terrain sur lequel il va sans doute devoir livrer bataille. Il occupe les positions de Saltanowka et le moulin de Fatowa. Il fait aussi couper la digue qui retenait les eaux du moulin.
Le 23 juillet, vers 10 heures du matin, Bagration arrive avec une partie de son armée. Avec fougue, il attaque Saltanowska et Fatowa. Les Russes arrivent en colonnes serrées mais les Français, bien abrités, les repoussent par leur feu. Sur la droite, les attaques russes vont se succéder. Rassuré sur la position de Saltanowka, Davout se porte sur Seletz afin de voir si les Russes ne préparent pas une attaque de flanc. Il y fait avancer la division Compans et les cuirassiers du général Valence. Après avoir repoussé l’ennemi qui s’y trouve, Davout prend l’offensive et poursuit sur une lieue les Russes en pleine retraite.
Il est 6 heures du soir, les Russes ont environ 4 000 tués ou blessés, les Français ont perdu 1 000 hommes dont une centaine de prisonniers du 88e de ligne. Si le prince Bagration avait mieux connu le terrain, il aurait pu exécuter sur la droite si allongée du maréchal une attaque dangereuse. Mais, pressé de percer pour rejoindre Barclay de Tolly, il manque l’occasion de battre Davout et de faire sa jonction. Il doit retraiter. La prochaine étape sera Smolensk.

Cette bataille a été reconstituée au Club Histoire et Sortilèges de Caen, le 21 novembre, avec la règle NPoW. Et le résultat a été fort différent!

Joueurs:

*Français: Nicolas (dit "boulet" de canon) et Olivier (dit "l'enfant chéri de la Victoire sur le fil"),


*Russes: Christophe (dit "Lebretovitch"), Philippe (dit "Scoumounovski", en fait pas si scoumouneux que ça, mais s'adonnant ouvertement à la boisson comme ses modèles historiques... la vodka lui rendant apparemment les idées et les dés plus clairs...).


Le terrain sur lequel s'est jouée cette partie:
Vue de l'Ouest, au centre Saltanowka, à droite Mohilev. On distingue le pont et à côté le moulin.


Vue de l'Est, la steppe apparaît quand même boisée et collinéenne:


Voici maintenant la clé centrale du champ de bataille: Saltanowka, où se sont retranchés les Français (pour l'instant cachés):


Le déploiement des forces est assez conforme: les bases de mouvement sont étalées tout au long du bord de table. mais où sont les leurres? où est le gros des forces?

Les Russes sont les premiers à être découverts: c'est la division Paskevitch, qui a l'ordre d'attaquer la colline à l'Est de Saltanowka.


Ils sont bientôt rejoints par les dragons de Sievers, qui se chargent de couvrir le flancs des mousquetiers russes:




Ils sont suivis par la division de grenadiers du prince de Mecklembourg, qui contourne les bois pour attaquer le village de saltanovska par le flanc:


Bagration fait avancer tout son monde pour prendre les Français de vitesse:



Ensuite, c'est la division française Dessaix, qui a l'ordre de s'emparer d'une autre colline, à l'Ouest celle-là.


La division Compans a également pour ordre de prendre la colline à l'Est de Saltanovska. Elle s'avance, se formant déjà en colonne de division:


Soutenue par les cuirassiers de Valence sur sa gauche et les cavaliers légers de Pajol sur sa droite, elle s'efforce de prendre les Russes de vitesse. Mais les scores très moyens de Boulet lors des jets de points d'action ne désavantagent. Il est contraint de laisser en arrière ses batteries et sa cavalerie légère, affaiblissant ainsi son attaque.


Les chasseurs et les chevau-légers-lanciers de Pajol, qui forment la division de cavalerie légère du 1er corps:



Trop tard! Dès le 2e tour, les Jägers russes ont pris position sur la colline. S'ils n'ont pas le temps d'y installer de l'artillerie, ils parviennent quand même à former une ligne défensive:



A l'autre bout du champ de bataille, la division Dessaix a pris la colline qui formait son objectif. Mais elle frappe dans le vide!



Les Russes ne sont pas là! Les deux bases de mouvement devant la colline étaient des leurres! Diantre de sacrebleu! Ils ont choisi un flanc refusé, pour concentrer toute leur masse sur Saltanowka et la colline qui commande l'accès au village.


Vue du côté russe, le plan des soldats du Tsar apparaît bien: s'emparer des objectifs les plus forts sur leur gauche et au centre, et abandonner le flanc droit.
La division Raievski est également découverte; elle a pour objectif de prendre Saltanowka en suivant la route principale.


Les premiers tirs ne sont guère encourageants pour les Français. Après juste un tir, la baterrie de la division Morand est touchée par les canons lours russes et doit partir en déroute.
Les Français ont plus de chance avec leurs tirailleurs qui harcèlent la ligne des Jägers russes sur la colline. Puis c'est l'assaut!


Dès le 3e tour, la ligne défensive russe est emportée: un régiment de Jägers retraite tandis qu'un autre s'enfuit et part en déroute. les Français sont maîtres de la colline? NON, car un carré de mousquetiers russes résiste à la charge des cuirassiers, profitant au mieux de leur avantage de terrain.



C'est au tour d'Aniboule de réagir: il sonne la charge des dragons de Sievers qui s'abattent sur le 57e de ligne et une batterie qui n'a pas le temps de dételer.



A la stupéfaction de tous, les vaillants fusiliers du 57e résistent grâce à un 1 lors du test de moral.
Boulet lance alors la cavalerie de pajol en renfort. ses lanciers n'ont pas l'avantage face à des cavaliers lourds, mais il compte éviter que son flanc ne soit emporté.


En fait, s'engage ainsi à l'extrême est une mêlée confuse entre cavaliers et fantassins. Les dragons russes ont le désavantage du nombre, mais sont d'une meilleure classe et frappent des troupes ébranlées. Le corps à corps se poursuit ainsi pendant plusieurs tours sans qu'un vainqueur ne se distingue ici.

Par contre, sur la colline, la division Compans connaît une souffrance mémorable. Alors que les fusiliers du 28e et du 36e viennent de prendre la colline, c'est à leur tour d'être chassés par la contre-attaque de la 2e ligne russe de la division Paskevitch. Et ici intervient le drame: 2 jets de 20 lors des tests de moral: les deux régiments français partent en déroute, créant un gouffre béant dans les lignes du 1er corps. De son côté, le carré russe sur la colline résiste encore et toujours aux charges des cuirassiers. Au tour 4, ceux-ci finissent par perdre le corps à corps et à obtenir à nouveau un 20 à leur test de moral. Nouvelle déroute pour Boulet qui hurle de dépit!
Aniboule exulte: il n'est plus le scoumouneux de la partie!

De son côté, Olivier décide de réagir. Il fait changer les ordres de la division Dessaix, qui doit repasser le pont et aller tendre la main à la division Morand dans Saltanowka.


Sur la droite française, la situation ne s'arrange guère. Les pertes s'accumulent sur l'infanterie. Le 9e léger est saigné et le 57e de ligne finit par partir en déroute. Les Français n'ont plus d'autre réserve que les cuirassiers de Valence qui s'élancent pour reprendre la colline. Chassant la 2e ligne russe de Paskevitch, ils sont eux-mêmes contre-chargés par les cuirassiers russes de Duka.


Autour de Saltanowka, la mêlée est toujours aussi confuse. Les Russes ont pénétré le village mais les Français résistent pied à pied, attendant les renfors de Dessaix.


Lorsque prend fin le 6e tour, le champ de bataille apparaît comme une boucherie. Les Russes ont saigné les divisions Compans et Morand tout en, conservant des réserves ; leurs pertes sont limitées à la division Paskevitch. Les Français n'ont plus que la division Dessaix de fraîche, mais il faudrait à celle-ci encore plusieurs tours avant d'être complètement engagée.
Victoire des Russes alors? Et bien non si on comptabilise les objectifs: les Français ont pris la colline de l'Ouest tout en contestant aux Russes tous les autres objectifs. Victoire aux points donc, même si la réalité de la bataille a bien montré qui a eu l'initiative durant la partie.
Comment expliquer ce qui s'est passé?
-la supériorité numérique russe, renforcée par la concentration de leurs forces au centre et sur leur gauche.
-la dispersion des Français et leurs jets de points d'action insuffisants au début de la partie, ce qui les a obligés à laisser en arrière leurs canons. En fait, la bataille s'est résumée à une série de poussées et de contre-attaques qui ont épuisé l'infanterie. La préparation par l'artillerie, et la manoeuvre ont été minimales, chacun s'efforçant avant tout de sauter sur l'objectif avant son adversaire ou de l'en chasser le plus vite possible.
Mais ce fut un combat de héros!
Vivement la prochaine, d'autant que nous envisageons de multiplier par trois les effectifs en présence et de jouer... une journée!

Aucun commentaire: