dimanche 26 janvier 2014

La bataille de Melle (9 juillet 1745) (BLACK POWDER)







A Madame d’Etiolles, Marquise de Pompadour,







Je n'avois osé dédier à VOTRE GRÂCE les premiers mots de ce récit épique. Je craignois surtout de déplaire à l’inestimable Muse du plus solaire des Vainqueurs; mais, MADAME, ce n'est point ici un Panégyrique, c'est une peinture fidèle d’une Journée des plus glorieuses pour les armes de France. Et ce sont les sentiments de la France, quoiqu'à peine exprimés; c'est un Poème sans exagération, & de grandes vérités, sans mélange de fiction ni de flatterie. La dédicace à VOTRE GRÂCE fera passer cette faible esquisse à la postérité, comme un Monument authentique de tant de belles actions. Daignez, MADAME, ajouter à la bonté que VOTRE GRÂCE a eue de permettre cet hommage, celle d'agréer les profonds respects d'un Fidèle Sujet du Roy, & du plus zélé de vos admirateurs.


Hors ça, MADAME, bien que mes manières brusques sentent le camp et que je n'ai point, à mon grand regret, les mots qui savent si bien charmer le sexe, laissez-moi vous narrer cet épisode si fameux pour nos armes, afin que les lauriers de Mars accompagnent les grâces de Vénus lorsque Sa MAJESTE s'abandonne à un si noble repos. 



Vous devez savoir, MADAME, qu'après notre Victoire de Fontenoy, en présence de Sa MAJESTE, la ville de Tournai a ouvert ses portes. Mais cette prise n'estoit point assurée, tant que Gand, qui est la clé des Pays-Bas, ne seroit point entre nos mains. Le plus grand secret sur notre object paraissoit nécessaire. Ce poursuivant, j'avois ordonné moult marches et contre-marches tout le mois de juin, afin que de ne pas donner de certitude au rejeton de l'Electeur hanovrien, son ALTESSE le Duc de Cumberland. Ce-faisant, je n'en donnois pas plus aux armées françoises. 


Je ne m'ouvris de mes intentions qu'auprès d'un lieutenant-général fort réfléchi, le marquis du Chayla, à qui je confiois un fort parti afin d'investir, ou à tout le moins de jeter, un pont à Quatrecht, afin d'établir les communications avec la gauche de l'Escaut et d'isoler complètement la place de Gand dont la prise estoit par nous résolue. Du Chayla, assisté de Graville et Souvré, maréchaux de camp, reçut le commandement de ce parti composé de deux brigades d'infanterie (6 bataillons) et d'une de cavalerie (3 régiments), formant, comme effectif de combattants, un total de 4,500 fantassins et 1,000 cavaliers, au maximum, avec quelques pontons et pièces à la suédoise.



 Ordre de bataille français :

Marquis Du Chayla (cd. 8)

-Brigade Normandie de M. de Graville (cd.8) : 1 bataillon de grenadiers, 2 de bataillons, 1 canon léger

-Brigade Limousin de M. de Souvré (cd.8) : 2 bataillons et 1 bataillon d’arquebusiers de Grassin, 1 canon léger

-Brigade  de cavalerie de M. de Hautepuisaye (cd.7) : 1 régiment colonel général (grand), 1 régiment carabiniers (grand), 1 régiment de Royal-Cravate (petit).

C'estoit fort bonnes troupes propres à un combat de parti comme à un affrontement de grand style.


Vieux corps Normandie
Infanterie régulière
fusil
6
3
4+
3
First fire, tough fighters
Infanterie française
Infanterie régulière
fusil
6
3
4+
3
First fire
Cavalerie lourde
Cavalerie régulière
sabre
8

4+
3
Heavy cavalry +1
Arquebusier de Grassin
Skirmishers
Fusil
6
3
4+
3
Marauders, sharpshooters
Artillerie française
artillerie
Canon à âme lisse
1
3-2-1
4+
1






Mais ces troupes valeureuses pourroient-elles passer en force au nez et à la barbe de l'ennemi? Les mouches que nous avons parmi les gens de ce pays nous avoient par courrier secret avertis de la force non négligeable des alliés de la Maison d'Autriche. Ils estoient commandés par le Lieutenant-général von Moltke et comptoient maints contingents.





Lieutenant général von Moltke (cd.8)

-Brigade anglaise (Cd.8) : 3 bataillons, 1 canon léger

-Brigade hollandaise (cd.7) : 3 bataillons (grands), 1 canon léger

-Brigade de cavalerie(cd.8)  : 1 régiment de Horses anglais (grand), 1 régiment de grenadiers à cheval hanovriens (grand), 1 régiment de Leyden hollandais (petit).


Les plus redoutés estoient, à n'en point douter, les habits rouges, si redoutés pour leur tir précis, encore que le Hollandois, lui, n'estoit point si lent que l'on le dit. En nombre, c'estoit toujours un ennemi à considérer. 




Unité
Type
Armement
CàC
Tir
Sauvegarde
Résistance
Règles spéciales
Infanterie britannique
Infanterie régulière
fusil
6
3
4+
3
First fire, platoon firing steady
Cavaliers britanniques
Cavalerie régulière
sabre
8

4+
3
Determined charge, Heavy cavalry +1
Artillerie britannique
artillerie
Canon à âme lisse
1
3-2-1
4+
2

Cavaliers hanovriens
Cavalerie régulière
Sabre et carabines
7
2
4+
3
Unreliable, Heavy cavalry +1
Cavaliers hollandais
Cavalerie régulière
Sabre
7

4+
3
Heavy cavalry +1, unreliable




Hors ça, nos troupes partirent de bon matin le 9. Un assez fort parti d'arquebusiers de Grassin, en avant-garde, se mit en route au petit jour et prit poste sur la chaussée Alost Gand, en aval de cette dernière ville, pour couvrir le flanc gauche de du Chayla.










A midi, nos troupes atteignirent le pont de Melle, que Du Chayla couvrit aussitôt de grenadiers.


Situé entre l'Escaut et la chaussée d'Alost à Gand, à environ une lieue et demi en aval de la ville, le  village de Melle se trouvoit au centre d'une vaste plaine assez marécageuse, semée de haies nombreuses et touffues masquant la vue. Six cents mètres en avant des premières maisons du côté d'Alost, un petit prieuré, entouré de murs  formait un poste solides barrant l'espace compris entre l'Escaut et la chaussée.





Les Arquebusiers de Grassin revinrent alors précipitamment annoncer à Du Chayla qu'un fort parti ennemi s'avançoit pour couvrir la rive gauche de l'Escaut au devant des troupes françoises. Ce qu'entendant, Du Chayla déploya aussitôt le reste de la brigade de Normandie ainsi qu'une pièce de canon. 


Il ne laissoit que les Grassin de l'autre côté du fleuve, mais barricadés dans le prieuré.









C'est alors que se firent entendre les tambours annonçant la colonne britannique. Moltke avoit mis ses meilleures troupes en tête, suivies de près par une brigade hollandoise.








Ne pensant point à se jeter sur la proie offerte des Grassin dans leur prieuré, Moltke s'avançoit résolument vers le pont de Melle pour nous en disputer le passage.






Ce que voyant, Monsieur de Graville ordonna le tir. On en vint rapidement à une forte mousqueterie de part et d'autre de l'Escaut.
















Mais le tir de l'ennemi estoit une manoeuvre pour masquer le mouvement de la brigade hollandoise qui se proposoit de passer le fleuve en amont pour résoudre la perte du parti françois.









Voyant Monsieur de Graville fort pressé de front et menacé sur son flanc, Monsieur du Chayla se résolut à envoyer quérir les Arquebusiers de Grassin afin qu'ils menacent l'ennemi.






Traversant le fleuve, les Grassin ne manquèrent point de diriger leur tir sur le flanc du plus proche bataillon anglois.












Sur le pont, l'Anglois se dressa tel un mur de briques, et ne réagissoit point à la double mousqueterie qui visoit son front et son flanc.


Monsieur le Chevalier de Grassin prit alors sur lui de charger le flanc exposé de l'ennemi, ce que ses arquebusiers firent en enfants perdus et à la diable, poussant des cris pour effrayer leur flegmatique ennemi, lequel n'en fut pas plus affecté.



Décidé à repousser l'ennemi le plus loin possible d'un pont qui estoit tant nécessaire à l'ensemble de l'armée, M. Du Chayla ordonna alors à M. de Hautepuisaye de disposer sa cavalerie en réserve des bataillons de Normandie, lesquels estoient déjà bien entamés par les balles angloises. Le régiment Colonel-général s'avança sur notre droite, tandis que les carabiniers venoient appuyer les grenadiers au centre.





De l'autre côté du fleuve, les réserves ennemies se dressoient menaçantes. Les Hollandois s'apprestoient à traverser le fleuve sous les yeux de von Moltke.








Tandis que les cavaliers en habits rouges se concentroient devant le pont, entre les marais et le prieuré.














Il sembloit aux yeux françois que l'avance de l'ennemi fût si inexorable qu'on ne sauroit bien longtemps résister sur le fleuve.




C'est alors que les rangs françois commencèrent à se fendre. L'un des bataillons de Normandie ployoit si fort devant l'ennemi, qu'il obligea l'ensemble de la ligne à reculer vers le village d'Alost.







Le sang-froid de Du Chayla permit alors de ne perdre ni nos pièces, ni l'alignement de nos troupes dans la plaine.











Du Chayla engagea alors la brigade Limousin, dont les pièces tinrent un instant à distance le flux ennemi.





 




Moltke ne douta point que le repli françois était le signe de sa victoire et commanda à ses troupes de passer l'Escaut avec force diligence. Mais seuls deux bataillons, un anglois et un hollandois, parvinrent à s'extraire de la vase pour déboucher sur notre rive.Un régiment de cavaliers anglois pu également passer le pont.

Ce que voyant, les Maîtres du régiment Colonel-général piquèrent hardiment les flancs de leur montures.


Mais leur charge fut arrêtée par le tir de ces redoutables fantassins en bleu et en rouge, et nos cavaliers s'en repartirent vers l'arrière pour se rallier.




Les carabiniers qui suivaient le régiment Colonel-Général eurent plus de chance, car ils tombèrent sur le régiment de cavalerie anglois qui venait à peine de se reformer.


L'élan françois  fut irrésistible et navra raide la résistance des cavaliers anglois. 











L'ennemi ne manqua pas de réagir en faisant monter en ligne davantage de pièces, qui entretinrent le feu pour défendre le pont si jamais les cavaliers français entreprenaient de le passer.




Mais, plutôt que de risque ses cavaliers sur le pont,  Du Chayla leur ordonna de se retourner contre les piétons anglais le long du fleuve. 


 L'instant fut décisif. La charge enfonça le centre allié.












Voyant ses Anglois à pied comme à cheval battus, Moltke se résolut à forcer la cadence pour mettre en ligne ses Hollandois. Mais ceux-ci ne paraissoient pas plus pressés qu'il y a quelques semaines à Fontenoy.



Leurs belles évolutions, si elle nous empêchaient de poursuivre sur l'autre rive, nous laissaient cependant maîtres du pont et du village d'Alost.





Enchaînez ces vaincus, échappés au carnage;
Que du Roy qu'ils bravoient, ils implorent l'appui:
Ils seront fiers encore, ils n'ont cédé  qu'à lui.





Je reste, de MADAME, le plus zélé et le plus admiratif des serviteurs.



Saxe