mardi 5 juillet 2011

Les ARMEES DU ROY POURSUIVENT LEUR AVANCE EN WESTPHALIE (2nd test de WAB NPI)







Lettre de Son Excellence, Louis Henri César Antoine, marquis de la Renaudière, Général des Armées de sa Majesté Très Chrétienne qui sont au delà du Rhin, à La Protectrice des Arts et des Lettres de France, Madame de Choisy, Marquise de Pompadour.



De nostre Camp qui jouxte la Forteresse de Cassel, le 3 juillet de l'an 1758,


Madame,


Il m'eschoit, par la présente, de porter à vos pieds les Lauriers que la Fortune a bien voulu tresser pour couronner les estendards de Sa Majesté, lesquels estendards vous voulûtes me confier à la suite de la disgrâce du Prince de Stonewall.



Sachez, Madame, que si mes petits mérites et ma réputation de chance légendaire aux jeux de dés ont attiré l'attention de la cour, c'est bien à votre profond discernement que je dois le commandement des armées de sa Majesté qui campagnent en Westphalie pour en chasser l'Anglois. La victoire que j'y ai obtenue est donc aussi la vôtre, et je m'en remets à vous pour en tesmoigner à sa Majesté.


Or ça, le jour d'avant d'icelui, nos braves régiments ont repoussé les ennemis qui vouloient leur barrer la route de Cassel.



Les troupes de l'ennemi estoient commandées par le Kurfürst Matthias von Rattenfänger, Capitaine au service de la Maison de Brunswick-Wolfenbüttel, et par ailleurs mécène des peintres, et connu pour son goût immodéré pour les créatures ratesques.


Ce Prince espéroit barrer l'avancée des troupes de sa Majesté en leur contestant le carrefour de Mühlberg-zum Gastenhaus, un relais gastronomique sur la route de Cassel.



Fort enclin à préserver le sang des troupes de Sa Majesté, je disposois mes régiments fort serrés et appuyés sur un bois que j'avois fait occuper par un piquet de troupes légères. De droite à gauche, il y avoit là les cavaliers du Royal Dauphin, suivis de la brigade ses Suisses.


Puis la Brigade d'Aquitaine, avec les régiments Béarn, Guyenne et Limousin, elle-même flanquée par la Brigade Royale avec en colonne les grenadiers de France, le Royal-Roussillon et le régiment de la Reine.



Mon aile gauche estoit composée des cavaliers du Royal Cravate et des Mousquetaires de Sa Majesté, lesquels flanquoient une forte batterie que j'avois disposée sur une éminence.


Débouchant ainsi des bois, nos troupes s'apprestoient à recevoir l'assaut anglois, car, contrairement au prince de Stonewall, vous devez savoir, Madame, que je pratique en tout l'économie de mes troupes, et n'attaque jamois que l'ennemi ne soit déjà fort ébranlé.



Adoncque, ne vous en déplaise, j'avois pris position pour attendre l'arrivée du prince Matthias.


Celle-ci se fit en en vaste cohue, les colonnes d'infanterie mêlées aux cavaliers.


Le prince avoit peu de troupes montées, mais les avoit regroupées en une forte brigade au centre de ses lignes.


Voyant que ces cavaliers s'avançoient trop en avant de leur piétaille, je donnois l'ordre à mes canonniers de les saluer de quelques boulets.



Malgré des pertes minimes, les dragons du roy de Prusse s'enfuirent, mettant à mal leur réputation de discipline.



Vers Mühlberg, je dirigeois un piquet de fantassins en tirailleurs, ainsi que des dragons qui démontèrent pour devancer les ennemis dans le village.


Mais le prince Matthias n'estoit pas décidé à laisser cette place aux mains françoises ; deux brigades s'avançoient pour encercler le village: l'une de fusiliers anglois, précédés par un régiment hessois.



L'autre de grenadiers et d'Ecossois entourés du fracas des fifres et des cornemuses, et éclairés par des Jägers hessois qui connoissoient bien ce pays.



Nullement dépité, le prince Matthias rallia ses cavaliers.


Et fit avancer ses lignes à portée de tir au son des tambours et des cuivres. Spectacle saisissant, mais qui ne sauroit troubler des braves coeurs françois.



Moins visible, mais plus dangereux estoit le mouvement des troupes légères du prince, qui sortirent du bois pour tirailler notre flanc droit.


Chasseurs en vert et Légion britannique en bleu ciel tirèrent avec force précision. Mais les Gardes françoises que j'avois missionnées à tenir notre flanc maintinrent la ligne avec une bravoure digne de leurs frères suisses.


M'assurant de la tenue de mes troupes, je me tenois en retrait pour échapper aux boulets et aux balles. Je tenois pour folle témérité le prince Matthias qui caracolait derrière ses premières lignes, au risque d'être estropié par des traits.



Ma tactique ne varioit point: attendre et tirer moultement sur l'ennemi qui s'avançoit.


Celui-ci s'estoit mis en ligne à portée de notre centre et de notre aile gauche, laquelle commença à subir le redouté feu anglois.


Mais, tandis que son infanterie énervoit nos cavaliers par leurs tirs, le centre du prince Matthias n'estoit tenu que par un seul régiment de cavalerie: les grenadiers à cheval du Hanovre. Fort mauvoise idée, car les mousquetons de ces cavaliers moustachus estoient trop faibles pour entamer nos premières lignes. Et ces cavaliers ne sentoient pas non plus suffisamment forts pour charger en avant, car leurs alliés prussiens estoient encore derrière eux, après avoir été ralliés.



Aussi, ma réponse fut-elle de diriger sur ces cavaliers immobiles tout le feu de nos batteries et de nos premières lignes.



Lorsque la fumée s'éclaircit, ce fut pour voir la fuite des grenadiers à cheval.



Le désordre gagna le centre allié, lorsque les dragons prussiens et un régiment de fusiliers emboîtèrent le pas des Hanovriens.



Mais le prince Matthias n'estoit point homme à se lamenter, surtout que ses troupes pénétroient pas les deux extrémités de Mühlberg et en chassoient nos piquets et dragons à coup de baïonnette.


Le centre ennemi estant défait, c'estoit, selon mes lieutenants, une invite à poursuivre l'ennemi l'épée dans le dos.


Mais, fidèle à ma réputation d'économiser le sang de mes hommes, je refusois de presser davantage.


Même si l'ennemi avoit investi Mühlberg, nous nous estions ouvert la route de Cassel et cet objectif, ainsi que le souvenir d'avoir vu à nouveau le dos de nos ennemis, establit notre victoire.



A la fin de la journée, le prince Matthias rallia à nouveau ses cavaliers pour protéger la retraite de ses batteries.


Mais la vision de nos lignes inentamées les dissuadoit de s'approcher davantage.



Selon les espions de sa Majesté, le prince jura, mais un peu tard, qu'il reviendroit bientôt nous frotter les oreilles.


Plaise à Dieu que cela ne soit que vantardise teutonne, car j'espère bien prendre la forteresse de Cassel sans coup férir et sans davantage de sang versé. Tel sera, Madame, la promesse que je vous fait pour contenter le Bon Plaisir de Sa Majesté .



Je reste, de Madame la Marquise, le très humble, très dévoué et très chanceux aux dés, serviteur.