dimanche 15 mai 2011

QUE VIVE LE ROY! (Test de WAB "NEC PLURIBUS IMPAR")



Lettre d'Olivier-Henri-François, marquis de Fontaine-Etoupefour, prince de Stonewall, à sa protectrice, la Bonne Dame de Choisy, Marquise de Pompadour.

Cassel, le 15 mai 1758,



Madame,




Je me présente devant vous fort rassénéré par le succès de l'Armée que Vos Bonnes grâces me confiassent, et qui a remporté le jour d'avant d'icelui une fort belle Victoire sur les vils Anglois. Nos valeureuses troupes ont, pour leur premier engagement sur ce théâtre germain, fort bien mérité les lauriers et j'en augure le bon Plaisir de Sa Majesté.
Puis-je vous narrer par le menu cet épisode qui vit déconfire les troupes de Georges, usurpateur du Trône d'Angleterre?

La scène se passoit au Nord de Cassel, dans cette fort grise province de Hesse, que le Roy m'a donné à conquérir pour la plus grande gloire des Lys de France. De bon matin, nous nous estions avancés au son des fifres et des tambours sur le village de Wiligshausen, qui jouxte le fameux château de Thunder den Tronchk, et commande le croisement entre les principales routes du pays.


Lorsque soudain s'avancèrent vers nous les lignes rouges ennemies, elles-aussi portées par une musique fort martiale.


M'extrayant de mes bagages, je n'eus que le temps d'enfiler mes effets et ma perruque, tout en donnant mes ordres pour courir sus.




Lesquels ordres estoient:

-Que les régiments de Béarn et de La Reine concourussent à former la première ligne avec les régiments Royal Roussillon et Guyenne en réserve,


-Que les cavaliers du Dauphin s'assemblassent à leur droite pour menacer les mouvements hors de Willigshausen,


-Que la brigade des Gardes s'avançât sur la colline pour tenir notre flanc gauche, les gardes françaises ayant l'Honneur de préséance.


Hors ça, sur ces bonnes dispositions, je pris quelque tabac à priser dans ma blague, rajoutois une mouche sur mon visage passé à la céruse, et contemplois notre ennemi.


Je n'ignorois point la témérité du prince Philippe de Brunswick, dès qu'il s'agit de bouter du François.



Ce Capitaine avait fort garni son centre, mettant ses meilleures troupes (grenadiers et Ecossois) en seconde ligne.




Je le contemplois à la lunette, agitant son Tricorne pour encourager ses troupes.


Sur son flanc droit estoient les dragons prêtés par l'infâme Frédéric de Prusse.


Sur l'aile gauche, caracolaient les grenadiers à cheval du Hanovre.



Puis-je, Madame, vous exprimer ce tableau magnifique et terrible de deux armées marchant sus à l'autre, tandis que paissent ici et là de tranquilles troupeaux?


C'est alors que retentit le tonnerre des canons, prélevant des troupes dans les lignes des deux centres. Voyant l'ennemi hésiter, je pris le parti d'avancer. Les gardes descendirent jusqu'à une haie.


Le régiment du Dauphin éperonna ses montures et, malgré les tirs précis des Anglois, percuta de plein fouet un bataillon ennemi, qui s'enfuit. Ce succès avoit quand même prélevé la moitié des Maîtres de ce beau régiment.




Voyant son centre en difficulté du côté du village, le Prince Philippe y envoya en colonne un régiment hessois, ainsi que des Jägers de la même province. Lui aussi projetoit de s'emparer de ce carrefour.




Ce que voyant, j'envoyois de ma réserve les cavaliers du Royal Allemand contourner Willigshausen.




Ceux-ci tombèrent en chemin sur un bataillon de la réserve angloise qui se présentoit en colonne et de flanc; ils y mirent le plus grand désordre.



Poursuivant, le Royal-Allemand sabra une batterie ennemie. Ils avoient réussi à séparer le flanc gauche ennemi de son centre.



Voulant prendre sa revanche, le Prince Philippe fit charger ses dragons prussiens sur notre gauche.



Avec confiance, je regardois les Gardes de sa Majesté attendre le choc.



Celui-ci fut terrible!


Le sort s'acharna sur les Gardes-françaises qui ne purent répliquer, furent poursuivis jusqu'à la haie, et anéantis, seule tâche sur les Lauriers de cette journée. Mais les Gardes suisses répliquèrent et leur tir précis mit en fuite les derniers dragons prussiens.

Au centre, les tirs précis des Jägers ennemis décimoient nos batteries.





Aussi fis-je avancer nos réserves du centre: régiment suisse de Diesbach et Mousquetaires noirs de la Maison de sa Majesté. J'envoyois également un régiment de dragons en colonne contourner le flanc gauche ennemi.


Certes, le régiment de La Reine recula; mais put se rallier. Aussi les tirs ennemis ne purent-ils freiner l'avance de notre centre.


Ralliés, les cavaliers du dauphin réitérèrent leur charge. Avec le même bonheur.


Usée par les tirs de nos batteries, tournée par nos cavaliers, la première ligne anglaise s'effondra.


Lorsque s'éteignit l'écho de la bataille, seule la seconde ligne anglaise couvroit encore la retraite du prince Philippe.



Nous perdîmes un Drapeau, et l'opprobre veut que cela soit celui des Gardes de sa Majesté. Mais nous prîmes deux autres étendards à l'ennemi, ainsi qu'une batterie. On raconte également qu'un boulet faucha un commandant anglois. Aussi, vous me voyez, Madame, à vos pieds pour vous demander de narrer à Sa Majesté ce beau succès que me valût la Fortune des Armes, succès à peine entaché par une petite perte. Vos armées, Madame, peuvent bien plier, mais ne rompent point.

Je reste, de Madame, le Très humble, Très dévoué et Très agenouillé serviteur.